Comment le harcèlement scolaire impacte les relations et la santé à l'âge adulte : l'approche en thérapie psycho-corporelle
Qui est concerné par le harcèlement ?
Au fil des années, étiez-vous populaire ? Intégré.e dans un groupe ? Ostracisé.e ? Avez-vous été témoin, victime ou agresseur.se ? Selon les études, il y aurait dans chaque classe 10% de victimes et donc mathématiquement 90% de témoins et agresseurs. Ces mêmes mécanismes sont à l'oeuvre des dizaines d'années plus tard dans les relations de travail et les relations de couple. On connaît maintenant l'action des neurones miroirs qui font sentir ce que l'autre vit. Il n'y a donc pas besoin d'avoir été victime pour vivre comme lui ou elle sous la pression de la conformité au groupe : les témoins et les bourreaux font partie de la même chaine de contrainte.
Comment cela a-t-il impacté votre vie, votre représentation du monde, votre corps ?
« En France, plus d’un élève sur dix scolarisé en CE2, CM1 et CM2 est victime de harcèlement scolaire. Parmi les concernés, 3% souffrent d’un harcèlement jugé « sévère ». La tendance ne s’inverse pas à l’arrivée en classe de sixième, puisque 10% des collégiens sont touchés, parmi lesquels 7% d’une forme grave. Au lycée, enfin, les chiffres sont un peu moins inquiétants, mais le harcèlement ne disparaît pas pour autant. Près de 4% des lycéens restent impactés. » décrit l’Obsevatoire Santé.
Beaucoup d’entre nous ont « oublié » la violence des cours d’école. Le mécanisme de déni ou d’amnésie post traumatique est bien documenté par Muriel Salmona. Les traces restent enfouies dans les corps et ressortent parfois des dizaines d’années plus tard au gré d’une photo, d’un burn out, d’une dépression ou d’un mal-être physique ou émotionnel. Comment en effet être en contact avec son corps, avec ses désirs, sa vitalité quand ce corps, ou notre façon d'être au monde est contrainte par le regard critique des autres depuis le plus jeune âge ?
Cet article m’est venu en visionnant le documentaire « Quand on était des petites brutes » de Jay Rosenblatt.
Le pitch : « Quel impact un événement traumatique survenu dans une cour de récréation a-t-il sur ses protagonistes des décennies plus tard ? Un court essai documentaire sur la cruauté des enfants, entre jeu de pistes et questions existentielles. En lice pour l'Oscar 2022 du meilleur court métrage documentaire. »
En regardant ce documentaire, j’ai repensé à plusieurs.e.s patient.e.s qui m’ont raconté avoir connu enfant la douleur de se sentir « à côté », « inadapté », « incapable de comprendre comment fonctionnaient les autres » en classe et dans la cour de récréation. Et ce documentaire le montre bien, ceux qui harcèlent sont ceux qui ont peur d’être harcelés. Ceux qui sentent que leur faille intime pourrait être découverte et les exposer au « bullying » de leurs camarades. « La meilleure défense est l’attaque » pensent-ils.
Quelles sont les conséquences du harcèlement ?
Le harcèlement a de graves conséquences sur l’estime de soi et la capacité à être en lien avec l’autre à l’âge adulte : Sensation de porter un masque social, dépression, addictions (alcool, drogue, nourriture, sexe, jeux…), burn out, sports extrêmes ou évitement social par exemple. Mais aussi des maux physiques : crises d'angoisse, difficulté à être en contact avec ses émotions, rapport contrôlant au corps (corps machine, corps véhicule) ou non investi (fuite dans la spiritualité désincarnée), difficultés sexuelles, hypertension artérielle, fatigue, obésité, syndrome du colon irritable...

Quels sont les bienfaits de la somatothérapie ?
La thérapie en Relation d’Aide par le Toucher est une thérapie courte à médiation corporelle. Les patients peuvent venir d'eux-même ou être adressés par un psychiatre, psychologue ou médecin traitant. Elle se base sur les principes de la Gestalt, en intégrant l'esprit de la médecine chinoise traditionnelle.
Elle aide à explorer ce qu’est un lien sécure : Un espace où la personne n’est pas jugée. Un espace dans lequel le toucher est un toucher respectueux. Un espace pour panser (penser) les blessures. Et s’autoriser à se monter authentique. Petit à petit, c’est tellement nourrissant de vivre un lien authentique en thérapie que cela ruisselle dans les relations en dehors de la thérapie.
La thérapie aide à « aérer les croyances » (= conditionnements), comme on secoue un vieux tapis poussiéreux pour retrouver ses couleurs.
- « A quoi bon, c’est toujours comme ça » peut devenir « Je prends soin de moi et je vérifie avec moi-même si je suis d’accord » => le plexus se desserre, il y a du mouvement dans le jambes et une envie de croquer la vie dans la mâchoire.
- « Je ne suis pas suffisant.e » peut devenir « Je me donne de la douceur » => les épaules se relâchent, la respiration est plus large et fluide.
Pour éviter les maladies physiques et psychiques induites par les mauvais traitements et qui se développent à l’âge adulte, rien de tel que de prendre soin des failles du passé pour en faire des forces aujourd'hui.
Pour en savoir plus sur ce thème :
Sur l'autrice :
Ninon Carnoy est somatothérapeute et membre de la FPPP. Elle exerce à Paris en tant que Psycho-praticienne en Relation d'Aide par le Toucher®. Elle est aussi Praticienne en Shiatsu (certifiée SPS) et Praticienne en Rebirth. Le lien corps-esprit est la base de son accompagnent.
Sources :
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